L’exil aux États-Unis

La famille aux États-Unis (1794-1805)

Carte de la région de Providence (Rhode Island) (© Esri France)

La famille CHAUVITEAU dut quitter la Guadeloupe vers 1794, en raison des troubles révolutionnaires. Comme plusieurs autres émigrés, ils vinrent s’installer aux États-Unis, à Providence, petite ville capitale de l’État de Rhode Island, au sud de Boston, et dont le port, Bristol, était en rapport fréquent avec les Antilles. Les jeunes gens, Salabert et Chalon, y continuèrent leurs études, apprenant l’anglais.

C’est en 1797 que commencent les lettres qui nous permettent de suivre la vie de la famille en détail. Il faut se représenter cependant la lenteur et les aléas de la correspondance à l’époque. On restait sans cesse sans nouvelles, n’ayant souvent pas de réponse avant six mois. Nous apprenons que Salabert est parti pour Cuba, à La Havane pour y travailler dans une maison de commerce dirigée par M. HERNANDEZ. Il y réussit bien, y faisant venir dès 1798 son frère Châlon et son cousin Antoine GUENET.

Châlon, frère de Salabert

Hilaire CHAUVITEAU, dit Châlon (1780-1804)

Antoine GUENET

Antoine GUENET, dit Solange (1779-1816)

Salabert jeune

Salabert CHAUVITEAU (1775-1823)

Les parents étaient restés à Providence, y vivotant au milieu de problèmes financiers. Ils essayaient de gagner de l’argent en envoyant à leurs enfants des objets variés, dits pacotilles, à charge pour leurs enfants d’en tirer du bénéfice, ce qui n’était pas toujours le cas. Leur fille, Sophie, dite Toute, était restée avec eux. D’un ton espiègle, elle donnait à ses frères des nouvelles de la famille, parfois même en vers. Ils eurent l’occasion de déménager, et elle nous donne une vivante description de leur nouvelle installation. Parmi les Français qui vinrent les rejoindre, se trouve Mme BOURDEL, cousine de Mme CHAUVITEAU, dont l’arrivée avec esclaves, négrillons fit sensation.

En 1802, le traité d’Amiens entre la France et l’Angleterre entraîna la fin de la guerre et la récupération par la France des Antilles, qui avaient été occupées par l’Angleterre. M. Chauviteau s’y rendit, se faisant rayer de la liste des émigrés, y vendit quelques biens et y fit quelques opérations commerciales. Il eut le malheur d’y apprendre le décès tragique de son fils Louis, à St Pierre en Martinique, tué en duel, provoqué par la mauvaise conduite de sa femme.

Faire-part de décès.

Faire-part de décès de Louis CHAUVITEAU (1773-1802)

Entre temps Salabert avait épousé une Espagnole à la Havane, Serafina ALOY, belle-sœur d’HERNANDEZ. Un autre projet de mariage se concrétise entre Sophie CHAUVITEAU et son cousin Antoine GUENET. M. CHAUVITEAU repart pour les États-Unis, emmenant avec lui Mme Veuve GUENET, sœur de Mme CHAUVITEAU et sa fille Mme VALLÉE. Ces dernières resteront en rade quelque temps à Antigua, autre Antille anglaise, tandis que M. CHAUVITEAU rejoint New-York.

M. et Mme CHAUVITEAU avaient déjà eu l’occasion de séjourner à New-York, qui leur semblait la ville la plus agréable des États-Unis.

Après le mariage de Sophie, les parents CHAUVITEAU viendront s’installer avec eux à Baltimore, où Antoine GUENET s’occupait des affaires de la maison HERNANDEZ.

Ils vont y rester jusqu’en 1805, et rentreront en France, où ils s’installeront dans la région de Bordeaux, laissant leur fille aux États-Unis.

Sources :